MiXiT 2023 : la conférence tech engagée

Habituellement, pour publier un article , il me faut : 2 mois de recul et 8 h d’écriture. Cette fois, je vais essayer d’écrire plus impulsivement, avant d’oublier mes impressions encore à vif.

MiXiT est un événement que je suis depuis… 2012 (ça date !) À l’époque, j’y allais pour les conférences sur le dev et l’agilité. Avec le temps, la conférence a évolué. J’y vais maintenant pour entendre parler d’éthique, diversité et inclusion dans la tech. Et cette année, c’était du particulièrement lourd.

Des conférences qui donnent le bad

Ce n’est pas la première fois que je me prends des grandes claques à MiXiT. Mais celle-là, était particulièrement dure. Je pense bien sûr à la keynote de David Maenda Kithoko : Pour une écologie décoloniale du numérique. David nous a raconté sans détour l’histoire de son pays, la République démocratique du Congo. Les guerres, les meurtres, les génocides, les viols, la destruction de la 2ème plus grande forêt mondiale. Tout ça au nom de quoi ? Des ressources (du caoutchouc au cobalt). Chaque jour, des enfants sont exploités, des milliers (!) de femmes sont violées pour… construire plus de voitures électriques.

Il y a quelques mois, à Paris Web, j’avais déjà été marquée par le sujet de l’impact du numérique dans le monde, par Agnès Crepet et Audrey Neveu. Mais entendre cette année le récit d’une personne directement concernée, c’est encore plus frappant !

Le lendemain, j’ai aussi été secouée par Thomas Parisot et son intervention Ce (code) qui nous lit. Le format était idéal pour la lectrice assidue que je suis : Thomas nous a offert la lecture à voix haute d’extraits de romans, essais, fictions, poésie ou articles. Il a choisi un mix subtil entre extraits légers, récits malaisants et témoignages horrifiants. Le moment de lecture s’est terminé sans questions, à chacun de laisser infuser… (Moi, j’ai choisi d’infuser en commandant plusieurs des livres cités chez mon libraire 🤪).

Finalement, c’est Mathilde Saliou qui m’a achevée avec Comment le numérique limite les libertés des femmes et des minorités. Les différents exemples affligeants qu’elle a cité m’ont vraiment interrogé. J’avoue avoir à un moment complètement perdu espoir : quel intérêt il y a-t-il à travailler dans une industrie si destructrice ?

Si avec ça, je ne vous ai pas donné envie de venir à MiXiT, je ne sais pas ce qu’il vous faut…🤪

Des conférences légères qui donnent le smile

Heureusement, MiXiT ça n’est pas que du lourd. Il y a aussi du léger, pour remettre du baume au coeur.

Par exemple, il y a eu Le conte chaud et doux des chaudoudoux de Charline et Franck Rageade. Une conférence-atelier complètement perchée où :

• un adulte a lu à un tas d’autres adultes un conte destiné aux enfants (et ça a marché ! Nous étions tous pendus aux lèvres de Frank).
• des adultes se sont collés des mots gentils dans le dos (des post-ils « chaudoudoux »).
  

Le conte philosophique de Steiner (rien à voir avec le Steiner anthroposophe, comme je l’ai craint au début, ouf) interroge sur le coût des interactions humaines et du réconfort. Quand pendant l’atelier, on nous a demandé de « se donner des chaudoudoux » comme dans le conte, j’avoue avoir trouvé la proposition complètement ridicule. Mais j’ai jugé trop vite : à la fin de l’atelier, en lisant les mots qui m’étaient destinés, mon coeur est effectivement devenu chaud et doux ❤️.

Dans un autre genre, j’ai adoré Et si vos prochaines vacances se passaient à vélo ? de Thomas Jarrand. Il se trouve que c’est une de mes lubies du moment. Après avoir essayé un micro-voyage l’été dernier (une boucle de 100 km en solo avec mon fils de 6 ans), je me pose beaucoup de questions sur un prochain voyage à vélo plus ambitieux…

Des réponses à des questions

ChatGPT : je ne suis évidemment pas passée à côté du phénomène, mais je l’ai à peine essayé ; étant encore trop inconfortable avec l’idée de cet outil.
Dans sa conférence Conversations avec ChatGPT : illusion ou réalité ?, Marie-Alice Blete m’a aidé à mettre des mots sur des choses que je n’arrivais pas à articuler.
Grâce à la conférence, j’ai (enfin) compris le fonctionnement de ChatGPT. Il ne fait que proposer la réponse la plus plausible (et pas du tout la « bonne » réponse). Je retiens donc que ce n’est pas du tout un outil adapté quand on recherche la vérité. Mais ça peut être un outil intéressant pour de la création (si on est en phase avec ses limites : renforcement des stéréotypes, manque de transparence sur l’impact écologique, pas de contrôle sur l’algorithme…).

Je me suis ensuite faufilée dans une conférence destinée aux devs backs pour aller voir Pourquoi le CSS Ça Saoule Souvent par Albéric Trancart. Grand bien m’en a pris, ça m’a fait réfléchir sur la manière dont je pouvais mieux communiquer sur mes maquettes auprès de devs (pour mieux spécifier mes intentions). En revanche, j’avoue avoir été un peu déçue par le propos : ainsi, le secret pour comprendre le CSS, c’est de potasser ses concepts ?? (Scandale, j’espérais une sorte de bouton magique moi 🙈). Les conseils pratiques de la fin ont beaucoup parlé à mon cœur d’ancienne dev front ; comme par exemple imprimer une maquette et dessiner à la main les différentes sections et annoter le layout à utiliser.

Côté design, j’ai beaucoup apprécié Comment aborder le design dans une démarche d’éco-conception ? de Alizée Rault et Damien Legendre. Iels nous ont proposé un tour d’horizon d’outils, méthodes et ressources pour limiter l’impact de la tech. Du practico-pratique, c’était exactement ce qu’il me fallait après la conférence de David 🤗.

Enfin, mon intérêt pour l’accessibilité et l’inclusion a été comblé par de nombreuses conférences sur le sujet :

• Why is being different actually a good thing? – My Way Into Tech de Feli Bernutz
• La neurodiversité au travail de Clémence Petit et Julie Quillé
• Comment intégrer au mieux une personne autiste en entreprise de Déborah Guyard
• Au secours, j’ai une personne handicapée dans mon équipe ! d’Emmanuelle Aboaf

Entre retours d’expériences, chiffres marquants et conseils pratiques, je suis encore plus armée pour mes formations sur le sujet.

Une pile de livres à lire, qui n’en finit pas de grandir

Côté livres, je suis particulièrement faible : il suffit que j’entende une éloge sur un livre pour avoir immédiatement envie de le lire. J’ai noté le nom de pas moins de 6 livres sur mon carnet 😭 :

• L’homme qui répare les femmes ; le combat du docteur Mukwegees de Colette Braeckman
• rien dans mon enfance d’éric pessan (ou bien la lecture offerte par l’auteur)
• Ils : défaut de langue de Nathalie Yot
• Femmes invisibles de Caroline Criado Perez (que je possède déjà !) (que j’ai d’ailleurs commencé ! ) (et puisque 2 (deux !) oratrices différentes l’ont recommandé, c’est un signe que je reprenne ma lecture non ?)
• Qui a tué mon père d’Édouard Louis
• Technoféminisme: Comment le numérique aggrave les inégalités de Mathilde Saliou

MiXiT, une conférence qui force au recul

Mon compte-rendu s’arrête là. J’espère que l’avoir écrit m’aidera à digérer ce que j’ai entendu ces deux derniers jours, dense d’échanges et d’apprentissages ! Et surtout, merci encore aux orgas de MiXiT pour cette conférence engagée de qualité ❤️ !