Le RGESN (pour « référentiel général d’écoconception des services numériques ») est un outil français permettant de mesurer l’éco-conception d’un site web.

Il est tout récent et j’avais donc envie de regarder un peu comment ça marchait. Plutôt que de lire les critères un par un (boooring 😴), j’ai décidé de le confronter à un service numérique. Mon site design-accessible.fr était tout trouvé : puisque je l’ai conçu de zéro, je serais sûrement capable de l’auditer, non ? C’est le sujet de cet article.

  1. À propos du RGESN
  2. Auditer son service numérique
  3. Résultat pour design-accessible.fr
  4. Et après ?
  5. En conclusion

À propos du RGESN

Le RGESN a été publié fin 2022 après un mois en phase de « consultation publique ». C’est une version « légère » du GR491 (vous êtes perdus dans tous les référentiels sur l’éco-conception ? Je vous invite à lire mon article Éco-conception : outils et ressources). Le RGESN n’a gardé que 79 critères sur les 491 :

  • les critères prioritaires : ceux qui réduisent de manière significative les impacts environnementaux,
  • les critères les plus génériques : ils sont intemporels et agnostiques d’une technologie.

Les critères sont répartis dans 8 thématiques (issues du GR491 d’ailleurs).

Graphique en barre. Sur l'axe horizontal, les 8 thématiques. Sur l'axe vertical, le nombre de critères.
En orange, sont mis en avant les thématiques UX/UI et Contenus
UX/UI est la thématique ayant le plus de critères du RGESN !

Même si, quand on regroupe les thématiques en trois pôles, on retrouve une répartition relativement équivalente :

  • Gestion de projet (Stratégie, spécifications) : 29 % des critères
  • Design (UX/UI et Contenu) : 35 % des critères
  • Tech (frontend, backend, hébergement, architecture) : 35 % des critères
Graphique. Sur l'axe horizontal, 3 pôles. Sur l'axe vertical, le nombre de critères. Les 3 poles (gestion de projet, design et tech) sont entre 20 et 30 critères.
Le RGESN, un référentiel bien équilibré

(Note : ce pourcentage représente le nombre de critères de chaque thématique, mais pas l’impact de chaque pôle sur l’environnement ! Le référentiel ne me permet pas de faire ce type de comparatif.)

Chacun des critères du RGESN est décrit par :

  • sa thématique, parmi les 8 citées ci-dessus.
  • le critère en question. Il est posé sous forme de question. Par exemple, « Le service numérique a-t-il défini ses cibles utilisatrices ? ».
  • l’objectif explique pourquoi ce critère permet de réduire l’impact environnemental du service numérique.
  • la mise en oeuvre donne un ou plusieurs exemples de comment mettre en place le critère. Par exemple, pour définir ses cibles, on fera de la recherche utilisateur : « Outils et composants de la phase de Recherche UX (UX research) : étude concurrentielle, analyse de l’existant, définition des personas, réalisation d’entretiens ou de sondages avec les utilisateurs, observation, etc. ».
  • le moyen de contrôler donne des exemples de vérification du critère. Certains sont automatisables, d’autres simplement déclaratifs. Par exemple « Avoir accès à un document de référence : entretiens, recherches, observations, sondages ou autres permettant précisément de définir l’expression de besoin métier ou les attentes réelles des utilisateurs cibles. »

Auditer son service numérique

Dans la vraie vie, l’audit d’un site se fait probablement avec une équipe pluri-disciplinaire (gestion de projet, design et tech). Dans mon cas, j’ai fait l’exercice seule, avec mes nombreuses casquettes. (C’est l’avantage des sides projects : on prend toutes les décisions 😇) . Le référentiel a d’ailleurs été conçu pour être accessible à « tous les métiers de la conception d’un service numérique : chef(fe) de projet, assistant(e) à maîtrise d’ouvrage (AMOA), assistant(e) à maitrise d’œuvre, product owner, UX researcher, designer, graphiste, développeur(se), devops, testeur(se), rédacteur ou rédactrice web, contributeur ou contributrice à un outil de gestion de contenu… ».

Par ailleurs, les critères du RGESN sont vérifiables par l’équipe elle-même. Il est donc bien plus simple de faire un auto-audit d’éco-conception, qu’un audit d’accessibilité (où là, une formation du type Tester l’accessibilité de sites et d’applications est indispensable).

Reprenons. Une fois l’équipe réunie (moi donc) pour un auto-audit, j’ai téléchargé le RGESN au format CSV (d’autres formats sont disponibles), puis fait l’audit directement dans un tableur.

Capture d'écran d'un tableur. Les colonnes indiquent Thématique, Critère, Statut, Objectif...
La colonne Statut est colorée : vert pour Oui, rouge pour Non...
Extrait de l’audit via tableur

En moins d’une heure, j’avais réussi à parcourir tous les critères, et à répondre pour chacun des critères :

  • Oui : mon site est éco-conçu sur ce point.
  • Pas encore : je n’ai pas respecté cette bonne pratique (mais je compte le faire).
  • Non : je n’ai pas respecté cette bonne pratique (et ça me paraît compliqué à mettre en place)
  • Non concerné : le critère n’est pas applicable à mon site.
  • Je ne sais pas : je ne suis pas capable de répondre à cette question, il va falloir que je me renseigne 🙈.

Note : j’aurai aussi pu utiliser le plugin NumEcoDiag mais les seules réponses acceptées sont oui, non et non applicable, et il est besoin moins simple d’obtenir des statistiques par thématiques. Bref, c’est moins drôle 😅.

Capture d'écran du plugin NumÉcoDiag.
On y voit une question "Le service numérique a-t-til au moins un référent en écoconception ?". On peut choisir parmi plusieurs réponses (à évaluer, conforme...) et un champ pemet de mettre des commentaires.
En haut, un bouton "Résultat" et un bouton "Diagnostic" sont présents

Résultat pour design-accessible.fr

Grâce quelques formules bien placées dans mon tableur, j’ai pu ainsi calculer mon score de conformité :

  • Aujourd’hui, Il est de 52 %. Je pourrais ainsi afficher sur une page de mon site quelque chose du genre « Le site design-accessible.fr est en conformité partielle avec le Référentiel général d’écoconception des services numériques version 1. L’audit de conformité, réalisé en interne, révèle que 52 % des critères du référentiel sont respectés. » Ça en jette non ?
  • Si je corrige tous les critères identifiés comme « pas encore » conforme, je pourrai monter jusqu’à 70 % 😇.
  • Enfin, dans le meilleur des mondes, si j’arrivais à passer tous les critères actuellement à « je ne sais pas » en « oui » (globalement, si je découvre si mon hébergeur est vert, ou que je le change), je monterai alors à 94 % de conformité 🤩 !
Graphique sous forme de camembert. 37 % de critères "non concerné", 33% de critères "Oui", 12% de "pas encore", 2 % de Non et 16% de "Je ne sais pas".
Bilan : sur design-accessible, beaucoup de choses bien faites (des critères positifs, ou qui ne me concernent pas), un peu de travail, un peu d’inconnu et très peu de choses non éco-concues

(Note : je n’ai pas trouvé de méthodologie de calcul dans la documentation du RGESN. J’ai donc supposé que c’était le même que pour le calcul du taux de conformité global du RGAA)

Graphe en barre. Chaque barre est une thématique qui montre combien de oui, non, je ne sais pas...
Bilan par thématique

Sans surprise, je suis plus avancée sur certaines thématiques que d’autres :

  • Stratégie : yay, j’ai pris de bonnes décisions (à mon échelle, car effectivement, je n’ai par exemple pas prévu de faire une analyse de cycle de vie pour mon tout petit service…) 🎉.
  • Spécifications et Architecture : au top, bravo moi 😇.
  • Côté technique : je m’en sors plutôt bien, mais je manque cruellement d’information, surtout côté hébergement et backend, sur des questions de cache. Côté frontend, j’ai repéré quelques pistes d’améliorations 👍.
  • Côté UX/UI et Contenus : je m’en sors presque parfaitement (comme si c’était mon métier dis donc !) 💪. Le critère négatif, c’est parce que je refuse d’utiliser uniquement des polices de caractères du système d’exploitation 🙈.

Et après ?

Au-delà des chiffres, ce qui est intéressant dans ce type d’audit, c’est de voir quels axes sont améliorables. Dans mon cas par exemple, je me suis notée de :

  • documenter ma démarche. Par exemple « fixer des objectifs », « publier une déclaration d’écoconception » ou encore « s’astreindre à un poids maximum par page ».
  • améliorer le front. Par exemple « limiter le nombre de requêtes », « mettre en place de la compression sur les données », etc.

Et puis, j’ai quelques éléments à éclaircir, côté frontend et hébergement :

  • Le service numérique utilise-t-il des mécanismes de mises en cache pour la totalité des contenus transférés dont il a le contrôle ?
  • Le service numérique utilise-t-il un hébergement qui fournit une politique de gestion durable des équipements ?
  • Le service numérique utilise-t-il un hébergement qui récupère la chaleur fatale produite par les serveurs ?

J’avoue, je n’en ai strictement aucune idée (mais promis, un jour, j’irais me renseigner).

En conclusion

Il n’est absolument pas obligatoire de respecter ce référentiel (en tout cas, pas aujourd’hui). Il ne fait rien gagner non plus (« Aucun label, ni certificat se basant sur ce référentiel n’est pour l’instant prévu. »)

Mais je trouve que c’est une bonne manière de faire un état des lieux ! Le RGESN rappelle d’ailleurs qu’il a été conçu avant tout pour « promouvoir une démarche volontaire d’écoconception » et je suis tout à faire dans cet état d’esprit.

Je le trouve très bien conçu puisque réalisable et actionnable assez facilement : « La démarche de conformité au référentiel peut être progressive. Il n’est pas nécessaire d’attendre d’être en situation de répondre favorablement à toutes les questions pour démarrer la prise en compte du référentiel. »

Et vous, sur vos projets, ça donne quoi ?

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